Documents textes présentés par Anne Lécu

Texte présenté par Anne Lécu de J Ellul et M Bellet  

 

 

La discrétion de Dieu de J Ellul

 

Le Dieu biblique est un Dieu caché et cependant présent. Je crois à la présence secrète de Dieu dans le monde. Il est un Dieu qui nous laisse parfois dans le silence, mais qui toujours nous dit «Souviens-toi», c’est-à-dire, nous renvoie à la parole qu’Il a dite, toujours nouvelle si nous refaisons le chemin de l’écrit à la parole vécue, actualisée. Il est un Dieu incognito, qui ne se manifeste pas dans les grandes orgues et les cérémonies sublimes, mais qui se cache dans le surprenant visage du pauvre, dans la souffrance, (comme Jésus-Christ) dans le prochain dontje m’approche, dans la fragilité. Comprenons bien cette vérité élémentaire: Dieu Se révèle par le moyen fugace de la parole et dans l’apparence du dénuement, parce que tout serait anéanti s’il Se révélait à nous dans Sa puissance, Sa gloire, Son absoluité, rien ne peut le contenir ni ne pourrait supporter sa présence. Dieu ne peut être connu directement mais seulement par la médiation de ce qui est dans notre possibilité. C’est pourquoi les grandioses cérémonies et le luxe des basiliques sont absurdes; Salomon le reconnaît dans sa prière lors de la dédicace du temple: «Toi que les cieux, et les cieux des cieux, ne peuvent contenir, comment cette maison que j’ai bâtie pourrait-elle être Ta demeure!» Viennent ensuite toutes les demandes de Salomon: pour le pauvre, pour l’étranger, pour l’affamé, pour l’homme pécheur, pour le suppliant. Dans toutes les situations de faiblesse de l’homme, Dieu vient cers lui. Mais nous pouvons être assurés que dans toutes nos situations de richesse, de puissance, de domination, d’expansion, de haute technologie, de croissance indéfinie, Dieu n’est pas. Commet à tous les riches, Il nous dit: «Vous avez déjà votre récompense, pourquoi vous faudrait-il Dieu en plus?» Et c’est pourquoi dans notre monde occidental d’opulence et de technique, Dieu reste silencieux.Il est certes présent comme dans tout l’univers. Mais présent dans l’incognito et le secret. Comme Il était présent lorsque le serpent parlait à Ève, que celle-ci eut son illumination sur l’arbre, et s’empara du fruit pour être comme Dieu. Présent dans l’incognito et le respect pour laisser Sa créature choisir elle-même son destin après qu’Il l’eut avertie1.  

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1Jacques ELLUL,Ce que je crois,1987, p. 198.

 

 

 

Maurice Bellet 

 

« On peut imaginer plusieurs couleurs à la violence :Verte.C’est la violence de la vie, vivifiante, comme celle des plantes et des bêtes, mais qui peut être aussi ravageuse.Bleue.C’est la violence de l’intellect, des débats, des conflits d’idées. En principe courtoise, elle peut dégénérer, devenir d’une férocité incomparable. La rabies theologica (ragethéologique) ne manque pas de successeurs. Grise.C’est-à-dire quotidienne, usant tous les goûts, les amours, les destinées. Rouge.Eclatante, déchaînée, spectaculaire : couleur du sang. Noire.C’est l’abîme, et l’abîmesans fond. Une violence qui ne connaît plus rien que sa propre chute dans l’en bas oùtout meurt. Blanche.C’est la violence invisible, c’est-à-dire n’importe laquelle des précédentes, cachée sous des apparences de douceur et de paix. Particulièrement redoutable2.  

 

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 2Maurice BELLET,Approche de la violence absolue, Paris, Albin Michel 2009, pp. 26-27.  


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Jan Patoçka, 

 Essais hérétiques sur la philosophie de l’histoire. (1975) 

Traduit du tchèque par Erica Abrams Verdier, 1990.(Extraits) 

 

«Héraclite part de ce qui est commun à tout, de la loi divine dont ‘‘se nourrissent’’ toutes les ‘‘lois humaines’’, c’est-à-dire la cité dans son fonctionnement général et ses décisions particulières1. Qu’est-ce que cette loi divine? ‘‘Il faut savoir que le commun est polemos, la justice discorde (dikê= eris), et que tout se fait à travers eriset [sa] poussée’’2.Le commun, c’est polemos. Polemos, unit les parties rivales, non seulement il est au-dessus d’elles, mais en lui elles sont un. En lui se constituent une puissance et une volonté seule et unique, de lui seul procèdent toutes les lois et toutes les constitutions, si divergentes soient-elles. Or, la puissance qui se constitue par la lutte n’est pas une force aveugle. La puissance née de la discorde est une puissance qui sait, qui voit: ce n’est que dans cette discorde tonifiante que se trouve la vie qui porte véritablement (79) le regard dans la nature des choses, to phronein. Phronêsis, la compréhension [sagacité], ne peut donc par essence qu’être à la fois commune et discordante. Voir le monde et la vie en totalité, c’est voir polemos, eriscomme le commun en tout: xunon esti pasi tu phroneinpenser est commun à tous»]3. (80) [...]Polemosn’est pas la passion dévastatrice d’un envahissement sauvage, mais au contraire un créateur d’unité. L’unité qu’il fonde est plus profonde que toute sympathie éphémère ou coalition d’intérêts; les adversaires se rencontrent dans l’ébranlement du sens donné et créent par là un nouveau mode d’être de l’homme peut-être le seul qui, dans la tourmente du monde, offre de l’espoir: l’unité des ébranlés qui pourtant affrontent sans crainte le péril.» (81)[Notre époque] sera peut-être la première à prendre acte : que la vie est à comprendre, non pas du point de vue du jour, dansla seule optique de la vie acceptée, de la vie pour la vie, mais du point de vue du conflit, de la nuit, du point de vue de polemos. Que ce dont il y va dans l’histoire, ce n’est pas ce qui peut être renversé ou ébranlé, mais l’ouverture à ce qui ébranle.(82)-------«Comment le jour, la vie, et la paix règnent-ils sur chaque individu, sur son âme et sur son corps? A l’aide de la mort, en mettant la vie en péril. Dans l’optique du jour, la vie est tout pour l’individu, elle est pour lui la valeur suprême. Pour les forcesdu jour, la mort en revanche n’existe pas, elles se comportent comme s’il n’y avait pas de mort ou encore, comme déjà indiqué, elles la planifient à distance, à travers la statistique, comme si la mort ne signifiait rien de plus qu’une passation de fonctions. Dans la volonté de guerre, ce sont donc le jour et la vie qui règnent par le moyen de la mort. La volonté de guerre compte sur les générations à venir, qui ne sont pas encore là, elle conçoit ses projets de leur point de vue. Aussi est-ce la paix qui règne dans la volonté de guerre. Celui qui ne s’affranchit pas de cette forme du règne de la paix, du jour et de la vie, qui laisse la mort de côté et refuse de la voir, ne pourra pas s’affranchir de la guerre.[...]La grande expérience profonde du front avec sa ligne de feu consiste cependant à évoquer la nuit en tant que présence impérieuse, qui ne peut être négligée. La paix (204) et le jour ne peuvent régner qu’en envoyant des hommes à la mort afin d’assurer à d’autresun jour à venir sous les espèce

 

1Héraclite B CXIV, Les présocratiques, Pléiade, 1988, p. 171-172: «Ceux qui parlent avec intelligence, il faut qu’ils s’appuient sur ce qui est commun à tous, de même que sur la loi une cité, et beaucoup plus fortement encore. Car toutes les lois humaines se nourrissent d’une seule loi, la loi divine, car elle commande autant qu’elle veut, elle suffit pour nous et les dépasse.». 

2Héraclite, ibid., B LXXX, p. 164.

3Héraclite, ibid., B XCIII, p. 171.

 

du progrès, d’un développement lent et continu, de possibilités aujourd’hui inexistantes. On exige en revanche de ceux qu’on sacrifie de tenir bonface à la mort. C’est-à-dire qu’on sait obscurément que la vie n’est pas tout, qu’elle peut renoncer à elle-même. C’est précisément ce renoncement, ce sacrifice qu’on exige. On l’exige comme quelque chose de relatif, rapporté à la paix et au jour. L’expérience du front est cependant une expérience absolue. Ici, comme le montre Teilhard, les participants sont surpris par une liberté absolue, affranchis de tous les intérêts de la paix, de la vie, du jour. Cela veut dire que le sacrifice de ces sacrifiés perd sa signification relative, il cesse tout d’un coup d’être un chemin vers des programmes de construction, de progrès, vers des possibilités de vie augmentées et élargies; au contraire, il n’a de sens qu’en lui-même.Cette liberté absolue, c’est la compréhension que quelque chose a d’ores et déjà été atteint, quelque chose qui n’est pas un moyen en vue d’autre chose, qui n’est pas une étape vers..., quelque chose au-delà et au-dessus de quoi il ne peut plus rien y avoir. Le sommet est là même, dans ce renoncement auquel les hommes sont appelés, pour lequel ils sont arrachés à leur emploi, à leurs talents, à leurs possibilités, à leur avenir. Se montrer capable de cela, être appelé et élu pour cela dans un monde qui mobilise la force au moyen du conflit au point de se présenter comme un geyser d’énergie, absolument chosifié et chosifiant, c’est en même temps surmonter la force. Les motifs diurnes qui (205) ont suscité la volonté de guerre se consument dans le brasier du front, là où l’expérience du front est assez profonde pour ne pas succomber derechef aux forces su jour. La paix, transformée en volonté de guerre,réussit à faire de l’homme une chose purement extérieure aussi longtemps que l’homme est régi par le jour, par l’espoir d’un quotidien, d’une profession, d’une carrière, bref, de possibilités pour lesquelles il se voit obligé de craindre et qu’il sent menacées. A présent, cette paix est ébranlée, elle devient chancelante, ainsi que sa planification, ses programmes et ses idées d’un progrès que la mort n’affecte pas. [...]Aussi la nuit devient-elle soudain un obstacle absolu sur le chemin du jour vers le mauvais infini des lendemains. Dès lors que la nuit nous surprend en tant que possibilité insurpassable, les possibilités prétendument supra-individuelles du jour sont écartées et c’est ce sacrifice qui s’annonce comme supra-individualité authentique. (206)Autre conséquence: l’ennemi n’est plus un adversaire absolu sur le chemin de la volonté de paix, il n’est plus ce qui n’est là que pour être supprimé. L’ennemi participe à la même situation que nous, il découvre avec nous la liberté absolue, il est celui avec qui nous pouvons parvenir à une entente dans l’opposition, notre complice dans l’ébranlement du jour, de la paix, et de la vie dépourvue de ce sommet. Ici donc s’ouvre la sphère abyssale de la ‘‘prière pour les ennemis’’, le phénomène de ‘‘l’amour de ceux qui nous haïssent’’, la solidarité des ébranlés, malgré leur antagonisme et le différend qui les sépare.La découverte la plus profonde du front, c’est cette avancée de la vie dans la nuit, le combat et la mort; l’impossibilité de rayer de la vie ce paragraphe qui, du point de vue du jour, apparaît comme pure et simple non-existence; la transformation du sens de la vie qui se heurte ici au néant, à la frontière infranchissable qui est la figure ultime de tout.» (207). [...]Dans la seconde guerre mondiale, la distinction entre le front et l’arrière est supprimée. Finalement, Hiroshima «n’est qu’un condensé radical de l’expérience de la guerre, de l’expérience du front [...] un cas où même les participants les plus simples ont bien dû se rendre à l’impression eschatologique de l’événement.» (208) «La perspective de la paix, de vie et du jour est sans fin, c’est la perspective d’un conflit interminable, qui renaît sans cesse, identique sous des figures toujours nouvelles.» (209) Cette guerre sans fin peut s’ailleurs se déguiser sous des oripeaux économiques. On en vient à espionner ses voisins, de même que dans le couple on espionne son conjoint.«Les choses étant ce qu’elles sont maintenant, avec les armes atomiques qui font planer une menace permanente de destruction totale, la guerre ouverte peut devenir plutôt froide ou se mettre en veilleuse. Cette guerre larvée ne cause pas moins de souffrances, elle est souvent plus cruelle même que celle dont les fronts sillonnent les continents. Nous avons déjàvu comment la guerre s’annexe la «paix» en tant que démobilisation. La mobilisation permanente est, d’un autre côté, un sort que le monde trouve difficilement soutenable; il n’est pas facile de le regarder en face, pas facile de tirer les conséquences,pourtant évidentes. A celui qui persiste à vouloir, qui maintient ici sa volonté intacte et ne la laisse pas corroder, l’on impose un état de guerrequi bannit la vérité et la Patoçka, Essais hérétiques...3vie publique l’on impose la dictature au-dedans comme au-dehors, la diplomatie secrète, une propagande menteuse et cynique. [...] La guerre montre ici sa face «pacifique» qui n’exprime qu’une démoralisation cynique, un appel à la volonté de (210) vivre et de posséder. La guerre une fois déclenchée, l’humanité en devient la victime, victime de la paix et du jour; la paix, le jour tablent sur la mort comme moyen de pousser la servitude humaine à son point extrême, comme une chaîne que les hommes refusent de voir, mais qui n’en demeure pas moins présente en tant que vis a tergo, terreurqui les pousse jusque dans le feu. L’homme est enchaîné à la vie par la mort et par la peur; il est manipulable à l’extrême.Il semble cependant y avoir aussi, pour cette raison même, une possibilité de sortir de la guerre engendrée par la paix, de reprendre pied dans une paix réelle. Cela présuppose en premier lieu l’expérience du front décrite par Teilhard, expérience à laquelle Jünger donne une expression moins mystique, mais tout aussi catégorique: la positivité du front, le front non pas comme asservissement à la vie, mais comme libération infinie et affranchissement de cette servitude. La guerre se présente aujourd’hui comme une demi-paix dans laquelle les adversaires poursuivent la mobilisation en tablant sur la démobilisation de l’autre. Cette guerre a aussi son front et sa manière d’incendier, de détruire, de priver les gens de toute perspective, de les traiter comme un simple matériel de la Force qui se libère. Ce front, c’est celui de la résistance aux motifs «démoralisants» terrorisants et trompeurs du jour. C’est le dévoilement de leur véritable nature, une protestation qui se paie d’un sang qui ne coule pas, mais pourrit dans les prisons, la marginalité, les projets et possibilités de vie contrecarrées et qui coulera à nouveau, dès que la force le jugera à propos. Il s’agit de comprendre que c’est ici que se joue le véritable drame de la liberté; la liberté ne commence (211) pas seulement «après», une fois le combat terminé; au contraire, sa place est précisément dans ce combat voilà le punctum saliens, le sommet marquant, du haut duquel on peut embrasser du regard tout le champ de bataille. Il s’agit de comprendre que ceux qui se trouvent exposés à la pression de la Force sont libres, plus libres que ceux qui, restés à l’étape, assistent au combat en simples spectateurs, en se demandant anxieusement si et quand leur tour aussi viendra.Comment «l’expérience du front» pourra-t-elle changer de forme pour devenir un facteur historique? Pourquoi n’en est-elle pas un? Parce que, sous lafigure dont Teilhard et Jünger ont laissé une description si puissante, elle demeure une expérience individuelle: chacun est projeté isolément vers son sommet, dont force lui est de redescendre ensuite vers la quotidienneté où, inéluctablement, la guerres’empare de lui à nouveau en tant que planification de la Force en vue de la paix. Le moyen de dépasser cet état, c’est la solidarité des ébranlés. La solidarité de ceux qui sont à même de comprendre ce dont il y va dans la vie et la mort et par conséquent, dans l’histoire. De comprendre que l’histoire est ce conflit de la vie nue, enchaînée par la peur, avec la vie au sommet, qui ne planifie pas le quotidien à venir, mais voit clairement que le jour ordinaire, sa vie et sa «paix» auront une fin. Seul celui qui est à même de comprendre cela, celui qui est capable d’un revirement (metanoia) est un homme spirituel4. Or, (212) l’homme spirituel comprend toujours, et sa compréhension n’est pas une simple constatation des faits, elle n’est pas un «savoir objectif», bien que le savoir objectif soit pour lui à maîtriser et à intégrer au domaine de ce qui est son affaire et qu’il domine.La solidarité des ébranlés ébranlés dans leur foi en le jour, la «vie» et la «paix» -assume une signification particulière à l’époque de la Force libérée. La Force libérée est ce sans quoi le «jour» et la «paix», la vie humaine en tant que produit d’un monde de croissances géométriques, seraient impossibles. La solidarité des ébranlés, c’est la solidarité de ceux qui comprennent. Les choses étant ce qu’elles sont aujourd’hui, la compréhension ne peut se borner au plan le plus fondamental, à l’attitude d’esclavage ou de liberté vis-à-vis de la vie; elle implique également la compréhension de la signification de la science et de la technique, de la Force qu’on est en train de libérer. Toutes les forces en vertu desquelles seules l’homme d’aujourd’hui peut vivre se trouvent potentiellement entre les mains de ceux qui comprennent ainsi.La solidarité des ébranlés peut se permettre de dire «non» aux mesures de mobilisation qui éternisent l’état de guerre. Elle ne dressera pas de programmes positifs; son langage sera celui du démon de Socrate: tout en avertissements et interdits. Elle devra et elle pourra instituer une autorité spirituelle, devenir une puissance  

 

 

4Cf. «L’homme spirituel et l’intellectuel», in: J. Patoçka, Liberté et sacrifice, Grenoble, Million, 1990, pp. 243-257

 

 

 spirituelle capable de contraindre le monde en guerre à certaines restrictions, d’empêcher alors certains actes et certaines mesures.La solidarité des ébranlés s’édifie dans la persécution et les incertitudes: c’est là son front silencieux, sans réclame et sans éclat alors même que la Force régnante (213) cherche à s’en emparer par ces moyens. Loin de craindre l’impopularité, elle l’encourage et l’appelle discrètement, sans discours. L’humanité n’atteindra pas le terrain de la paix en se laissant prendre aux leurres de la quotidienneté, en se mesurant à l’aune du jour. Celui qui trahit cette solidarité devra se rendre compte qu’il nourrit la guerre, que c’est lui, l’embusqué à l’étape qui vit du sang des autres. Cette conscience trouve un soutien puissant dans les sacrifices du front des ébranlés. Amener tous ceux qui sont capables de comprendre à éprouver intérieurement l’incommodité de leur situation commode, voilà le sens qu’on peut atteindre au-delà du sommet humain qu’est la résistance à la Force, le dépassement de la Force. Faire en sorte que la composante de l’esprit qu’on qualifie ‘‘d’intelligencetechnique’’, celle surtout des chercheurs et des praticiens, des inventeurs et des ingénieurs, sente le souffle de cette solidarité et agisse en conséquence. Ebranler le quotidien des factologues et des routiniers, leur faire comprendre que leur place estde ce côtédu front, et non pas auprès des mots d’ordre du ‘‘jour’’, si séduisants soient-ils: qu’il s’agisse de la nation, de l’Etat, de la société sans classes ou de l’unité mondiale, ces slogans sont en réalité des appels à la guerre qui, tous, ont été ou peuvent être démasqués par la barbarie effective de la Force.[...]La guerre peut faire apparaître que parmi les hommes libres, certains sont capables de devenir des dieux, de toucher à la divinité, à ce qui constitue l’unité dernière et le mystère de l’être. Ce sont ceux qui comprennent que polemos n’est rien d’unilatéral, qu’il ne divise pas, mais unit5, que les ennemis ne sont des touts distincts qu’en apparence, qu’ils sont en réalité inséparables dans l’ébranlement commun du quotidien qui les fait toucher à ce qui est de tout temps, partout, en tout, étant la source dont procède tout étant, qui les fait donc toucher au divin.»

 

 

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